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La transidentité est le fait qu’une personne ressente que son identité de genre (“ressentie”) est en inadéquation avec le genre qui lui a été assigné à sa naissance en fonction de son corps/sexe biologique. Le terme « trans » (« traverser » en latin) fait référence au fait de passer d’un genre à un autre , par exemple, en étant né avec un sexe mâle, passer d’un genre masculin “assigné” par la société vers un genre féminin “ressenti”. Une personne concernée par une transidentité souhaite, la plupart du temps (donc pas tout le temps !), que l’apparence de son corps se rapproche de son image corporelle “mentale” afin de se sentir en adéquation (avec son identité de genre). Elle souhaite aussi et surtout être reconnue dans ce genre dans la société.

Pour répondre à ces besoins, elle peut modifier son image extérieure (vêture, …) mais peut aussi demander une aide médicale pour modifier son corps (traitement hormonal, chirurgies, …). Il y a un désir que ce genre soit “validé” socialement (reconnaissance dans tous les lieux de vie) et institutionnellement (changement du prénom ou de sexe/genre sur les documents d’identité). La transition médicale et sociale/institutionnelle réclame encore de lourdes procédures administratives voire judiciaires alors que les personnes cisgenres (ex : sexe mâle; genre homme) n’ont, elles, jamais à “prouver” leur identité de genre. Ces procédures sont injustes et désuètes : en effet, si l’on considère que le genre est majoritairement déterminé par des facteurs « sociaux », chacun devrait pouvoir être libre de modifier aisément cette caractéristique sans devoir fournir d’innombrables justificatifs ou attendre des mois, voire années… La méconnaissance et les aprioris, voire la « toute-puissance » de certains professionnels médicaux et administratifs aggravent la souffrance des personnes à cause de ces refus ou de longues mises en attente. Si théoriquement il est donc « possible » de vivre en France en adéquation avec son identité de genre, le parcours d’une personne souhaitant une transition médicale et administrative reste complexe à bien des niveaux.

La transidentité peut alors provoquer beaucoup de souffrance psychologique (ou “dysphorie”), notamment à l’adolescence, période pendant laquelle les caractéristiques sexuelles secondaires se développent rapidement (notamment menstruations et développement de la poitrine chez les nées "filles”, et développement génital, musculaire, pileux, mue chez les nés “garçons”, …). Si certains enfants/adolescents transgenres ne souffrent pas de dysphorie, d’autres, s’ils ne sont pas accompagnés peuvent basculer dans la dépression, les auto-mutilations, les tentatives de suicide, la phobie sociale (à cause des harcèlements ou des rejets), ... Tout en se donnant un peu de temps pour observer la stabilité de l’identité de genre, il est important qu’une transition puisse se faire efficacement si nécessaire. Il est également possible aujourd’hui, dès l’adolescence, “d’inhiber” la puberté dès 12-13 ans (avec des traitements sécures et totalement réversibles) quelques temps, puis de démarrer une transition médicale dès 14-15 ans avec le traitement hormonal. Des études robustes montrent que 95 à 99% des adolescents se définissant “transgenres” gardent ensuite la même identité de genre toute leur vie. Ce n’est donc pas une “passade” ou une “mode”. Le même pourcentage de jeunes ayant opté pour le traitement hormonal ne le regrette jamais et poursuive avec des procédures chirurgicales. Quant aux adolescents qui ont bénéficié d’une transition médicale précoce (inhibiteurs de puberté à 12-13 ans et hormonothérapie à 14-15 ans), ils présentent une meilleure santé mentale par la suite et une plus grande satisfaction vis à vis de leur image corporelle que des personnes n’ayant pas bénéficié de ce protocole. Toutes ces données sont issues du Transgender Amsterdam Center, réputé comme un des meilleurs centres au monde de recherche scientifique et d’accompagnement des enfants/adolescents transgenres (regardez les études de Cohen-Kettenis et de De Vries sur PubMed ou Science Direct).

Le psychologue a un rôle à part dans l’accompagnement des ces personnes car il n’a aucun pouvoir médical et administratif (bien que son soutien puisse être parfois demandé via des attestations). L’alliance thérapeutique est donc souvent plus confortable car la personne peut se présenter telle qu’elle est, avec ses convictions et ses doutes, sans que cela influence son accès aux soins. En psychothérapie, la question du rapport au corps est souvent centrale, ainsi que le rapport aux autres et au monde qui est souvent compliqué en cas de harcèlements ou de rejets. Pour traiter ces problématiques, nous utilisons donc souvent des outils de TCC sur l’acceptation et l’auto-compassion (thérapie ACT) mais aussi sur l’histoire du sujet (thérapie de la cohérence) car le rapport au corps et aux autres est très singulier pour chacun.

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Les différentes identités de genrE ET L’INTERSEXUATION

Intersexe : personne née avec des caractéristiques sexuelles qui varient de la norme homme ou femme

Intersexe : personne née avec des caractéristiques sexuelles qui “varient” des prototypes ”mâles” et “femelles”

Pangenre : se sent appartenir aux deux genres de manière égale

Pangenre : se sent appartenir aux deux genres de manière égale

Bigenre : se dit des deux genres mais souvent un plus que l’autre

Bigenre : se dit des deux genres mais souvent un plus que l’autre


Gender Fluid : Se sent libre de passer d’un genre à l’autre selon les périodes

Gender Fluid : Se sent libre de passer d’un genre à l’autre selon les périodes

Non-binaire : refuse la binarité des genres et se réclame un peu d’un genre et un peu de l’autre mais majoritairement ni de l’un ni de l’autre.

Non-binaire : refuse la binarité des genres et se réclame un peu d’un genre et un peu de l’autre mais majoritairement ni de l’un ni de l’autre.

Agenre : dit n’appartenir à aucun genre

Agenre : dit n’appartenir à aucun genre

La plupart des cultures proposent une répartition des “genres” de manière binaire : homme /femme. On dit que la plupart des personnes sont cisgenres, c’est à dire qu’elles ressentent une adéquation entre leur corps sexué (homme ou femme) et leur “rôle de genre”, rôle socialement attribué à ce sexe dans cette culture.

Malgré les preuves scientifiques (en psychologie, sociologie, …), certains théoriciens refusent encore d’accepter l’idée que les différences de comportement entre les filles et les garçons soient majoritairement liés à l’éducation et non uniquement à des critères biologiques. Pourtant, ces études mettent en évidence que nous n’éduquons pas les filles et les garçons de la même manière et que nous les orientons, par conditionnement, vers des activités et des comportements “genrés” (on pousse rarement un garçon à jouer à la Barbie et une fille à jouer à la bagarre). Par exemple, des études montrent que les adultes parlent différemment aux bébés selon qu’on leur dit qu’il s’agit d’un garçon ou d’une fille (alors que nous leur mentons) : ils adoptent un ton plus grave et des attitudes plus “viriles” avec les bébés “pseudo-garçons” et un ton doux et souriant avec les “pseudo-filles”. Mais il ne faut pas négliger la neuro-biologie qui indiqueraient certaines variations de comportements en fonction du sexe : par exemple, les bébés de sexe féminin semblent avoir plus d’intérêt que les bébés de sexe masculin à regarder les visages humains. Ce qui expliquerait leur caractère plus “sociable et empathique” des personnes nées “filles”. La plupart des chercheurs “pondérés” sur le genre pensent que l’effet de l’apprentissage social est bien plus important que l’impact biologique mais qu’il ne faut pas négliger ce dernier dans l’explication des différences entre les sexes. Ceci permet de discriminer clairement la notion de “sexe” et de “genre”.

La notion de binarité des genres implique qu’il n’existerait qu’une seule polarité (homme/femme) autour de laquelle le genre peut se construire, et certains parlent, enfin, d’un continuum des rôles de genre : ainsi certains seraient cisgenres (terme expliqué plus haut), pangenres (se sentir des deux genres de manière égale), transgenres (ou trans-identité expliquée plus haut) ou encore bigenres (se sent des deux genres mais un plus que l’autre) et enfin “gender fluid” (genre qui varie sur le continuum en fonction des périodes).

Mais la binarité est actuellement un concept largement remis en question par le témoignage de personnes qui ne se ressentent strictement ni dans l’un, ni dans l’autre rôle de genre (agenre). D’autres encore se définissent non-binaires (ils ne se ressentent, de manière globale, ni dans l’un, ni dans l’autre genre, mais peuvent se sentir légèrement dans l’un ou l’autre ou les deux). La non-binarité nous amène à une plus grande ouverture d’esprit sur une vision qui n’est pas fantaisiste mais profondément humaniste : le droit d’être ce que l’on a envie d’être, en se définissant par soi-même, par ses valeurs, sa personnalité et non par des étiquettes, les genres pouvant “condamner” les personnes à certains rôles dans certaines cultures …

L’intersexuation, quant à elle, concernent les personnes nées avec des variations de leurs caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions « prototypiques » de mâle ou femelle en raison de variations chromosomiques, gonadiques, hormonales, .... Ces variations (chromosomiques, hormonales, gonadiques, …) s’étendent sur un continuum : ainsi, il n’existe pas de « catégorie » spéciale qui sépare strictement l’intersexuation des normotypes « mâle » ou « femelle ». Le monde médical, quant à lui, a défini des critères « arbitraires » (la taille des organes génitaux) afin d’identifier l’intersexuation et de « décider » si un bébé devrait être donc « mâle » ou « femelle » et donc, “garçon” ou “fille”. Nous devons savoir que, jusqu’à présent encore, des médecins proposent aux parents des chirurgies « correctrices » (pour ne pas dire « mutilantes ») sur des bébés présentant ces variations intersexes sans que ces enfants n’aient aucun problème de santé (urologique notamment). Cette décision de chirurgie définitive est basée sur la mesure des organes génitaux. Ainsi, le destin d’un enfant, de son sexe biologique, de son genre assigné et de sa future vie sexuelle se joue parfois à un seul centimètre… Cela pose tout de même une reflexion de fond sur notre aptitude, en tant que société civilisée, à accueillir toute la diversité des variations biologiques. Ceci à cause d’un modèle impossible à déraciner : la binarité du genre fondée sur le sexe biologique. Pourtant, une sincère démarche pédagogique, scientifique et médicale pourrait enseigner ces variations et la futilité de s’accrocher au genre comme un critère identitaire fondamental à la construction de la personne. La preuve est que de nombreuses personnes intersexes « non-opérées » à la naissance sont épanouies dans différents domaines de leur vie et peuvent construire une identité (de genre ou non) qui leur correspond au fil de leur cheminement personnel.

Avec un tel niveau de reconnaissance de la singularité du vécu de chacun, certaines institutions (comme la WPATH, l’association mondiale des professionnels pour la santé des personnes transgenres/identités de genres diverses) proposent des interventions médicales pour toute personne (bigenre, pangenres, agenre, …) souhaitant bénéficier de soins pour mieux vivre dans leur corps. Cette évolution de la mentalité aboutit également à de nouvelles reconnaissances de ces genres divers sur le plan administratif (carte d’identité, …).

Les genres divers ou l’intersexuation ne sont donc pas du tout “pathologiques” ; cependant un suivi psychologique (avec un psychologue ouvert d’esprit !) peut offrir un espace sécurisant où la personne pourra pleinement exprimer son ressenti singulier et cheminer sur son identité de genre sans opinion ni jugement. Elle pourra explorer en quoi son histoire personnelle peut, ou non, se répercuter dans son cheminement identitaire et affectif pour enfin vivre en étant la personne qu’elle a envie d’être (thérapie ACT, thérapie de la cohérence)

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